Interview de Léa Fazer, une réalisatrice aux Archives nationales
Publié / modifié le : 28/05/2025
Les Archives nationales accueillent, tout au long de l’année, des tournages de fictions pour le petit et le grand écran. Début mars dernier, la réalisatrice Léa Fazer et son équipe ont passé deux jours et deux nuits aux Archives nationales, à Paris. Elles ont tourné des scènes d’une série TV, « Les Aventurières », dans la partie historique du site, à l'hôtel de Soubise, et dans le bâtiment moderne du Caran.Comment s’est fait le choix du lieu pour votre la série ?
Nous tournons une série qui s’est donné la mission de faire découvrir le patrimoine de l’Île-de-France, à travers des lieux architecturaux marquants : les Archives nationales, le site moderne de la Bibliothèque nationale de France, la basilique de Saint-Denis, le château de Vaux-le-Vicomte…
J’avais besoin d’un décor de ministère plutôt moderne pour le bureau de mon personnage qui est l’une des « méchantes » de la série. Nous avons décidé de tourner au Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales (Caran) qui répond aux caractéristiques de la série.
Je ne connaissais pas ce site des Archives nationales ; donc, je n’avais pas prémédité mon coup ! Quand j’ai découvert ce bâtiment impressionnant, j’ai été surprise et vraiment séduite. L’entrée du Caran m’a tout de suite fait penser au dessinateur néerlandais Escher, avec ses dessins d’escaliers qui vont dans tous les sens. Ça m’a beaucoup intrigué.
À première vue, le visiteur ne comprend pas cette architecture, dotée de perspectives déconcertantes, d’un réseau de passerelles et de circulations un peu mystérieuses. Il est frappé par la beauté de l’endroit, avec ses salles de verre et ses coursives qui surplombent le hall. J’avais devant moi un bâtiment très graphique, qui donne une représentation d’une architecture où le pouvoir s’exerce.
Quelles ont été les contraintes pour votre tournage ?
Avec ces cloisons et ces cages de verre, on se situe dans un lieu où l’on voit, mais où, en même temps, on est vus. Il y a un côté observateur/observé très intéressant pour notre scénario.
En général, quand on tourne dans un bureau, le réalisateur est très embêté, car il fait face à un bureau et puis à quatre murs. Donc il filme des murs, des acteurs devant des murs. Ce n’est pas très beau.
Au Caran, ce qui était extraordinaire avec le bureau choisi pour notre tournage, c’est la perspective derrière et dans le bureau. En plus, on est en hauteur ; on a l’impression de flotter. C’est visuellement très fort.
Mais, avec toutes ces surfaces de verre, il faut faire attention aux reflets de la caméra. C’était tout un art pour la directrice de la photographie de les éviter, et nous avons été très contents du résultat à l'image.
Vous avez aussi tourné dans notre musée, à l’hôtel de Soubise qui date du XVIIIe siècle.
On a principalement tourné dans l’entrée du musée, avec un dallage noir et blanc que je recherchais et, bien sûr, sa cour d’honneur qui est sublime ! On a même réussi à avoir accès à un immeuble, chez des particuliers juste en face, pour avoir une vue générale.
Côté Soubise, on a tourné de nuit, et on a mis en valeur la cour d’honneur.
Quelles scènes avez-vous filmées et pour quel épisode ?
Les scènes de l’hôtel de Soubise seront dans le premier épisode. Mais, au cinéma, on fait des petites tricheries. Par exemple, nous allons raccorder l’entrée du musée et ses grands escaliers avec une vaste salle qui se trouve à Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne), où s’est jouée une scène de cambriolage.
Les scènes du Caran étaient cross-bordées ; ça veut dire qu’on a tourné tous les épisodes en même temps.
Comment s’est passé votre tournage ?
Très bien ! On a tourné deux jours et deux nuits aux Archives nationales. Le Caran est un lieu extrêmement photogénique, et l’équipe a eu le privilège de profiter de la cour d’honneur du musée, la nuit. C’est une expérience pas commune !
À savoir
La série « Les Aventurières » sera diffusée sur France Télévisions en six épisodes. Elle est jouée avec Fanny Cottençon, Lionnel Astier, Thibault de Montalembert…
À découvrir.