Les Grands Dépôts
En 1838, l’État engage l’édification de magasins, fonctionnels et solennels, pour regrouper et conserver dans de bonnes conditions des archives jusque-là dispersées. Le vaste chantier de construction des « Grands Dépôts » va durer jusqu’en 1880.

A savoir
Les grands dépôts ouvrent leurs portes au grand public deux fois par an, lors des Journées européennes du patrimoine et de la Nuit européenne des musées.
En 1808, l’hôtel de Soubise est acheté par l’État et affecté aux Archives nationales. Napoléon Ier fait regrouper, dans l’hôtel même, les archives jusque-là dispersées dans plusieurs dépôts parisiens. Mais ces espaces sont inadaptés et s’avèrent vite saturés. L’administration engage alors l’édification de magasins à la fois fonctionnels et solennels, aujourd’hui appelés les « Grands Dépôts ».
Ce vaste programme de travaux s’étend de la monarchie de Juillet à la IIIe République. Il se déroule en deux temps :
• de 1838 à 1848, avec les architectes Édouard Dubois et Charles Lelong ;
• de 1859 à 1880, avec Hubert Janniard, puis Edmond Guillaume.
Les premières constructions, appelées « dépôts Louis-Philippe », sont bâties dans le prolongement est de l’hôtel de Soubise, au travers des jardins.
Des magasins monumentaux
L’aile édifiée sous Napoléon III est achevée sous la IIIe République. Elle prolonge les dépôts Louis-Philippe en retour d’équerre, le long des actuelles rues des Quatre-Fils et des Archives. Cet aménagement nécessite la démolition d’une aile jugée vétuste de l’hôtel de Soubise.
La cour des Grands Dépôts se referme ainsi sur un espace en forme de T. L’architecture du palais des Soubise y dialogue avec celle des magasins monumentaux des Archives nationales.
Ouverts à la visite pendant une très courte période pour le public du musée des Archives inauguré en 1867, les Grands Dépôts – coffres-forts des plus précieux documents de l’histoire de France – referment rapidement leurs portes pour des raisons de sécurité et de conservation.
Aujourd’hui reconnus comme un fleuron de l’architecture du XIXe siècle au même titre que ses contemporaines, la bibliothèque Sainte-Geneviève ou que la salle Labrouste de la Bibliothèque nationale de France, ils ont été classés Monuments historiques en 1993.

L’Armoire de fer, tabernacle de l’histoire de France
L’Armoire de fer a été réalisée par le serrurier Henry Koch, en 1791, à la demande de l’Assemblée nationale pour abriter les planches à assignats, puis les documents essentiels produits par le nouveau régime (constitutions, minutes des lois et décrets).
Indestructible et inviolable, elle est formée de deux énormes caissons métalliques emboîtés. Trois clefs commandent son ouverture et sont alors réparties entre le président de l’Assemblée, son secrétaire et son archiviste.
Installée en 1793, près de la salle des séances aux Tuileries, l’Armoire de fer (que l’on ne doit pas confondre avec celle de Louis XVI) prend place en 1848 au premier étage de l’hôtel de Soubise.
Sa collection révolutionnaire est augmentée par Michelet de pièces de l’Ancien Régime, considérées comme essentielles.
Placée en 1866 au centre des Grands Dépôts, elle voit son contenu maintes fois remanié et continue, aujourd’hui, de s’enrichir : les textes et lois constitutionnels (comme la loi garantissant aux femmes la liberté de recourir à une interruption volontaire de grossesse, votée en 2024) viennent y retrouver le mètre et le kilogramme étalons, le testament de Louis XIV, celui de Napoléon Ier, le journal de chasse de Louis XVI ou, encore, la dernière lettre et la gazette des atours de Marie-Antoinette.
On comprend que ce tabernacle de l’histoire nationale, en lui-même meuble au destin historique singulier, ne soit ouvert qu’en quelques rares occasions…
Ressources
À lire
Archives nationales. Le Quadrilatère du Marais, de Régis Lapasin et Sabine Meuleau, coll. Itinéraires du patrimoine, Paris, Éditions du patrimoine, nouvelle édition augmentée 2023.
En vente dans les boutiques des Archives nationales.
Les Archives nationales. Des lieux pour l’histoire de France. Bicentenaire d’une installation, 1808-2008, de Claire Béchu, Paris, Archives nationales-éditions Somogy, 2008.
En vente dans les boutiques des Archives nationales.