Aux origines, les hôtels de Clisson et de Guise

Quand le prince de Rohan-Soubise en fait l’acquisition en 1700, son hôtel a déjà une longue histoire derrière lui. Datant de la fin du Moyen Âge, l’hôtel de Clisson devient hôtel de Guise à la Renaissance. De ces deux premières demeures, il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges et le souvenir de leurs illustres occupants.

L’hôtel de Clisson, demeure fortifiée du connétable de France 

 

Le portail de l’hôtel de Clisson et ses deux tourelles, vus de la rue des Archives. © Marc Paturange / Archives nationales de France
Le portail de l’hôtel de Clisson et ses deux tourelles, vus de la rue des Archives. © Marc Paturange / Archives nationales de France

En 1371, Olivier de Clisson, seigneur féodal breton, se fait construire un hôtel particulier au cœur du chantier du Temple, quartier de Paris aujourd’hui connu sous le nom de « Marais ». Homme de guerre valeureux et cruel, surnommé « le Boucher » par ses ennemis, il rallie le camp du roi de France Charles V contre le roi d’Angleterre. Quelques années plus tard, il succède à Bertrand du Guesclin en tant que connétable de France, c’est-à-dire chef des armées du roi.

Aujourd’hui, il ne subsiste de son hôtel que la porte d’entrée fortifiée (à côté du n°58 rue des Archives). Il s’agit du plus ancien vestige d’architecture privée médiévale encore visible à Paris.

L’hôtel de Guise : des guerres de Religion au Grand Siècle

 

Le duc François de Guise et Jean Antoine Lombard, dit Brusquet, accompagnant le cortège des mages, copie à la sanguine d’un relevé du décor de la chapelle des Guise par Abraham van Diepenbeck. © Archives nationales de France
Le duc François de Guise et Jean Antoine Lombard, dit Brusquet, accompagnant le cortège des mages, copie à la sanguine d’un relevé du décor de la chapelle des Guise par Abraham van Diepenbeck. © Archives nationales de France

À la Renaissance, en 1553, François de Lorraine, duc de Guise, et sa femme, Anne d’Este, acquièrent l’ancien hôtel particulier d’Olivier de Clisson, construit deux siècles auparavant.

Ils confient les travaux de restauration au célèbre artiste italien, Francesco Primaticcio, dit Le Primatice, venu faire carrière en France à l’appel du roi François Ier. Il embellit l’austère demeure. La chapelle est notamment décorée de peintures réalisées par Niccolo dell’Abbate. Il n’en reste malheureusement plus rien aujourd’hui.

Pendant les guerres de Religion, l’hôtel devient le siège de la Ligue catholique dont les Guise ont pris la tête. Il sert de cadre à de sombres événements de l’histoire de France. En 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy y est probablement décidé. Le duc de Guise y distribue les armes aux Parisiens, en 1588, lors de la journée des barricades qui oblige le roi Henri III à quitter la capitale.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Marie de Guise — dernière descendante du nom — réaménage sa demeure et confie ses jardins au paysagiste Le Nôtre. L’hôtel de Guise devient le théâtre d’une brillante cour où se côtoient les hommes de lettres Corneille et Tristan L’Hermite ou le compositeur Marc Antoine Charpentier.

À lire

Archives nationales. Le Quadrilatère du Marais, de Régis Lapasin et Sabine Meuleau, coll. Itinéraires du patrimoine, Paris, éditions du Patrimoine, nouvelle édition augmentée 2023. 
En vente dans les boutiques des Archives nationales.

Les hôtels de Soubise et de Rohan-Strasbourg. Marchés de construction et de décor, par Philippe Béchu et Christian Taillard, Paris, Archives nationales/Somogy éditions d’art, 2004. 
En vente dans les boutiques des Archives nationales.

À voir 
Les hôtels de Soubise et de Rohan, de Richard Copans, collection Architecture, Les Films d’Ici/Arte France, 2011, 26 minutes.

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