Le tournant numérique s’est matérialisé aux Archives nationales au début des années 2000. Les campagnes de numérisation de documents écrits, figurés ou de phototypes ont remplacé progressivement la reproduction sur microfilm de substitution, alors en œuvre depuis la Seconde Guerre mondiale.

La politique de numérisation est un objectif à part entière des Archives nationales. La ligne directrice de cette stratégie ? Offrir toujours plus de corpus numérisés en ligne. Plus précisément, construire une offre qui fasse référence en tant que corpus archivistique et qui puisse favoriser de multiples usages, en réponse à une demande nationale et internationale. 

Chaque année, les Archives nationales mènent une centaine de projets de numérisation et produisent plus de 2 millions de fichiers numériques. 

Début 2025, la production totale s’élève à 20 millions de vues, dont 13 millions accessibles en salle de lecture virtuelle ou par l’intermédiaire des bases annexes (comme Léonore). 

Que numérise-t-on aux Archives nationales ?

Toutes les typologies de support des documents sont éligibles à la numérisation : registres, liasses, plans, photographies, son, images animées, objets et microfilms. 

Les projets de numérisation reposent sur trois critères :

• l’adéquation avec la stratégie de l’établissement ;
• la possibilité de diffuser ces numérisations en ligne (hors archives audiovisuelles et sonores) ;
• le plan de sauvegarde d’urgence des archives audiovisuelles et sonores.

Les priorités :

• les documents fragiles retirés de la consultation ; 
• les archives audiovisuelles et sonores très dégradées ou en péril ;
• les documents emblématiques des Archives nationales ;
• les documents faisant l’objet de programmes de recherche ;
• les documents liés à des d’opérations de mécénat ;
• les documents fréquemment demandés ;
• les archives audiovisuelles et sonores analogiques pour permettre leur communication ; 
• les archives audiovisuelles et sonores qui ont fait l’objet d’une restauration préalable.

Les Archives nationales ont fait le choix de numériser progressivement les bobines de microfilm. Désormais, 40 % des 12 000 bobines du département du Minutier des notaires de Paris et du département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime sont numérisés. 
Les vues sont rattachées progressivement aux inventaires de la salle de lecture virtuelle. 

Les acteurs de la numérisation

Le programme annuel de numérisation est réalisé par les différentes équipes des Archives nationales. 

Certaines opérations sont réalisées en interne aux Archives nationales ; d’autres sont réalisées par plusieurs prestataires retenus à la suite de passation de marchés publics.

Comment se déroulent les opérations de numérisation ?

Documents écrits, figurés et des phototypes  

1. La campagne de numérisation commence par la préparation matérielle des documents : démétallisation (retrait d’agrafes, épingles et trombones), dépoussiérage, restauration éventuelle (comblements de lacune, gommage…), reconditionnement standard ou sur mesure.
2. De la préparation scientifique résulte un fichier de récolement, pièce maîtresse des opérations pour le nommage et l’organisation des fichiers.
3. Vient ensuite l’opération de numérisation patrimoniale. Selon leur format et leur nature, les documents sont numérisés sur des scanners ou avec des appareils photographiques. Une série d’opérations de post-traitement – recadrage, nommage, injection de métadonnées descriptives dans les images, organisation dans des dossiers… – est nécessaire pour finaliser le projet.
4. Une fois contrôlés et validés, les fichiers sont chargés en bibliothèque numérique. Les images peuvent alors être reliées aux instruments de recherche pour une mise en ligne dans la salle de lecture virtuelle. En 2024, 1,5 million de vues ont été chargées.
5. Les disques durs produits sont ensuite transmis au Centre de numérisation et du microfilm du service interministériel des Archives de France pour être archivés à froid sur bande magnétique de type LTO.
   Ces opérations s’étendent sur plusieurs mois, voire plusieurs années, notamment lorsqu’il s’agit de corpus très volumineux qui nécessitent une restauration ou des corpus répartis en opérations pluriannuelles.

Archives sonores et audiovisuelles  

1. La campagne de restauration et de numérisation s’appuie sur un fichier de récolement. Il permet de répertorier l’ensemble des supports et rassemble les informations scientifiques et techniques. 
   À noter : les enregistrements ne font jamais l’objet d’une écoute ou visionnage préalable. La numérisation est, parfois, la dernière fois où le support pourra être lu du fait de sa dégradation, son contenu devenant alors accessible par le fichier numérique qui le remplace.
2. Les opérations, portant sur des archives fragilisées, parfois très dégradées, commencent par une restauration qui peut être très importante pour les supports de type bandes magnétiques et bobines de film. Un reconditionnement des supports peut précéder ces opérations ou être réalisé au terme de la numérisation.
3. Une fois la restauration réalisée, la numérisation aboutit à la production des fichiers numériques. La priorité est donnée aux formats fichiers d’archivages. Pour les images animées sur support vidéo, un deuxième fichier est produit en format de diffusion, auquel s’ajoute un troisième fichier dit « brut » pour les images animées de films.
4. Les fichiers en format brut sont stockés sur bandes magnétiques Linear Tape-Open (LTO). Les fichiers «archives» sont intégrés à la chaîne de pérennisation dans le temps des Archives nationales. 
5. Les fichiers de diffusion sont mis à la disposition du public en respectant leur statut juridique.

Ressources

Formats de numérisation pour les archives sonores et audiovisuelles :